Nous avons nommé ce projet « Oasis Interdite » symbolisant le fait que le Xinjiang est depuis
toujours une région où l’accès à l’information est limité, encore aujourd’hui. Bien que les répressions envers les Ouïghours aient beaucoup été médiatisées au niveau international, pour la plupart des gens, il est compliqué de réellement comprendre les difficultés et les peurs auxquelles sont confrontés les peuples locaux.
  Profitant d’un pouvoir absolu, les oppresseurs peuvent facilement créer un environnement opaque afin d’en contrôler le récit. Avec la rapidité de flux de l’information aujourd’hui, une catastrophe humanitaire est vite oubliée par le public. Quand bien même les victimes essaient de raconter leurs souffrances
au monde extérieur, elles ont souvent du mal à sensibiliser ou à obtenir de l’aide de manière pérenne, en raison de leur identité marginalisée.
  Dans le contexte de censure et de désinformation menées de longue date par le gouvernement chinois, d’islamophobie et de méfiance envers la culture musulmane prônées par les discours publics actuels, ainsi qu’en raison de l’insensibilité face aux problèmes éloignés, la plupart des gens ont du mal à comprendre la vraie situation de ces ethnies turcophones vivant en Chine. C’est pourquoi il est important de documenter et de raconter les véritables expériences et témoignages du Xinjiang, vécues dans le contexte politique chinois de ces dernières années.
  Nous avons choisi de raconter les témoignages sous forme de bande dessinée, d’une part, parce que le Xinjiang actuel est toujours sous surveillance étroite et ne peut pas être documenté visuellement de manière authentique et, d’autre part, car utiliser ce support peut permettre de mieux
protéger l’identité des témoins. Chaque histoire est basée sur une expérience personnelle réelle, mais toutes les informations d’identification des personnes impliquées ont été modifiées. Dans certaines histoires, les rôles sont fictifs, et les expériences sont un mélange de différents témoignages.
  L’équipe de ce projet est composée de bénévoles issus de différentes cultures et domaines. Nous nous concentrons sur les droits de l’homme au Xinjiang, et espérons fournir une plateforme libre et sécurisée pour les victimes et les témoins de la politique discriminatoire et répressive de la
Chine.
  Nous voulons permettre la transmission continue des voix individuelles, et rappeler aux gens que l’attention portée aux problèmes du Xinjiang ne devrait pas être simplement une tendance passagère. Seuls une attention et un suivi continus peuvent faire entendre les victimes et inciter les oppresseurs à craindre les conséquences de leurs actions violentes.